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On s'enfarge dans le crucifix alors que les armoiries des couronnes britanniques et françaises, dont trois fleurs de lys, symbole de la Sainte Trinité chrétienne, dominent ledit crucifix.
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Comme si le crucifix à l'Assemblée nationale menaçait l'institution parlementaire québécoise par l'ombre que jetterait sur elle l'Église catholique.
La Presse canadienne
Comme si le crucifix à l'Assemblée nationale menaçait l'institution parlementaire québécoise par l'ombre que jetterait sur elle l'Église catholique.

Le crucifix suspendu au mur de l'Assemblée nationale dans le Salon bleu revient périodiquement nous hanter. Tels les monstres dégoulinants de l'Halloween. Cette semaine, dans le sillage de la loi 62, Québec solidaire (QS) déposait une motion demandant le retrait du crucifix qui n'a pas reçu l'appui de tous les partis de l'opposition à Québec. Le crucifix est donc là pour de bon. Gabriel Nadeau-Dubois, de QS, expliquait lundi que ça devenait « un peu contradictoire pour les députés de l'Assemblée nationale, de réitérer leur appui à la laïcité, de réitérer leur appui à la neutralité religieuse, leur appui au principe de séparation entre l'Église et l'État, tout en continuant à débattre sous un immense crucifix ».

Le 7 octobre 1936, les parlementaires de l'Assemblée législative siégeaient pour la première fois sous l'égide du fameux crucifix que Maurice Duplessis avait placé plus tôt la même année.

On s'enfarge dans le crucifix alors que les armoiries des couronnes britanniques et françaises, dont trois fleurs de lys, symbole de la Sainte Trinité chrétienne, dominent ledit crucifix.

Goy George, alias George Tremblay, dans une vidéo d'une lucidité remarquable, souligne que lors de l'intronisation du crucifix par Duplessis au mur de l'Assemblée législative, il n'y eut aucune contestation, du moins chez les Canadiens français de l'époque, devant cette initiative politique. Car il s'agit bien d'une initiative politique, et non religieuse, comme on le croit malheureusement trop souvent. Toujours selon Goy George, la réaction véhémente fut celle d'Ottawa. Car, les fédéralistes canadiens y percevaient, et ce, de manière odieuse et éhontée, la subordination au crucifix des symboles de la couronne britannique, dont l'Église anglicane, laquelle est dominée par la couronne royale anglaise ! Horreur et damnation !

Et Goy George de rappeler que le crucifix n'est pas le symbole désignant proprement l'Église catholique. Du moins, ce ne sont pas les armoiries de l'Église catholique romaine avec ces deux clés croisées surmontées de la tiare papale.

Les Anglais vomissaient donc le fameux crucifix posé par Duplessis, illustre nationaliste canadien-français.

Alors, pourquoi, aujourd'hui, plus précisément depuis 2008, année du lancement de la commission Bouchard-Taylor, sur les accommodements raisonnables, a-t-on cru bon de retirer le crucifix de l'Assemblée nationale ?

L'inénarrable Goy George propose la réponse lumineuse suivante. Ce sont les progressistes québécois, en réaction au conservatisme du régime duplessiste, qui transformèrent le crucifix en symbole de soumission et d'oppression la part de l'Église catholique sur la population québécoise. Les progressistes québécois virent alors dans le crucifix, non plus une sorte de pied de nez faite à la couronne britannique, mais une odieuse et honteuse domination de l'Église sur l'État québécois. QS, dont son jeune député de Gouin, revient donc à la charge : la lutte est à finir entre le progressisme et le conservatisme réactionnaire et vétuste.

Comme si le crucifix à l'Assemblée nationale menaçait l'institution parlementaire québécoise par l'ombre que jetterait sur elle l'Église catholique.

Voilà le fameux « mythe » du crucifix. Comme si le crucifix à l'Assemblée nationale menaçait l'institution parlementaire québécoise par l'ombre que jetterait sur elle l'Église catholique. Mais ce n'est là que du pur délire des progressistes laïcistes. Comme s'il y a avait péril en la demeure !

Mais il y a plus.

Dans l'Église primitive, après la crucifixion de Jésus, les disciplines de « Krestos » firent de la croix leur symbole. Prétendaient-ils séparer l'Église de l'État ? Affirmatif, répond Goy George ! La fameuse phrase tirée de l'Évangile : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Marc 12 17; Mt 22 21; Luc 20 25), constitue une invitation expresse à la laïcité, c'est-à-dire à la séparation des pouvoirs « temporels » et « spirituels ». De la même manière, on comprend que Duplessis souhaitait, en plaçant le crucifix au mur de l'Assemblée législative, séparer la couronne britannique et l'Église anglicane de l'État canadien-français au Québec.

Les progressistes québécois, dont Gabriel Nadeau-Dubois, devraient rester sur les bancs de l'école, et apprendre l'histoire du Québec, avant de répéter les âneries progressistes des adultes.

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